Le mot d'Abel • Véronique Petit.

Dans le monde d’Abel, rien n’est plus important que le mot révélé à chacun vers l’âge de 12 ans. Un mot personnel et intime qui conditionne souvent la vie entière. En retard de plusieurs mois, Abel vit dans l’angoisse d’hériter d’un mot dérisoire ou ridicule, ou pire, d’un mot noir... Un matin, il découvre le mot de Clara, la fille dont il est secrètement amoureux, tagué en lettres rouges sur le mur du collège ! Qui a pu commettre un tel crime ?

J'AI AIMÉ : Un récit actuel, un personnage principal ordinaire.

J'AI MOINS AIMÉ : Je n'aurais pas dit non à un ou deux chapitres de plus.

J'avais repéré Le mot d'Abel il y a un petit moment, surtout au moment de sa sortie. J'ai profité de sa réapparition express sur NetGalley pour me le procurer et le découvrir à mon tour. Ce roman m'a toujours intriguée et j'ai au final passé un bon moment de lecture.

Abel vit auprès de sa tante et de ses deux sœurs. Il a treize ans passé et il n'a toujours pas reçu son mot... Comme la moyenne est à douze ans, l'adolescent commence à se poser des questions. Évoluant au sein des jeunes sapeur-pompiers, il aimerait un mot fort, un mot grand, et faire carrière dans ce domaine. Mais personne ne peut décider de son mot, un mot intime et personnel. Même Clara, la fille populaire et intelligente du collège, qui aurait hérité de « tabouret ».

Abel est un adolescent tout à fait ordinaire. A son âge, c'est normal de le voir commencer à s'angoisser de sa différence. Heureusement, il peut compter sur son meilleur ami Camille qui lui aussi n'a toujours pas reçu son mot. Par contre, personne ne parle de son mot. C'est considéré comme intime, comme se mettre à nu. Les rares à le faire sont souvent ceux qui ont des mots forts et glorieux. Et partager le mot de quelqu'un sans son consentement est un crime : c'est pourquoi, quand l'inscription dénonçant le mot de Clara est découverte, Abel est ébranlé.

Mais au final, qu'est-ce que ce mot ? Qu'est-ce qu'un bon ou un mauvais mot ? Est-ce que le mot annonce notre voie ? Vient-il de notre passé ? Montre-t-il nos aspirations ? Personne ne le sait. L'autrice nous pose une histoire où ces mots ont une importance capitale, jusqu'à dicter le comportement des jeunes qui découvrent leur mots : certains se renferment, d'autres s'épanouissent, d'autres les affichent, d'autres les cachent coûte que coûte.

Beaucoup de thèmes sous-jacents sont abordés mine de rien. C'est un roman que je trouve parfait pour les jeunes adolescents, pour évoquer et parler de discriminations, d'injustices, mais aussi d'avenir et de confiance en soi. Le mot d'Abel est peut-être court, mais il est plus riche qu'il n'en a l'air. La fin est peut-être un trop en suspens, j'aurais bien aimé avoir un ou deux chapitres de plus pour voir quelle est la suite pour Abel, mais ce n'est qu'un détail.

Le mot d'Abel est un roman court et efficace, allant droit à l'essentiel. C'est un récit actuel qui saura toucher les plus jeunes et qui ne peut qu'amener quelques discussions aussi. J'ai trouvé cette histoire novatrice, tout en étant très actuelle : ce fut une bonne lecture.