lundi 17 septembre 2018

Tempus Fugit (Les Chroniques de Sorohar : Le cycle de la triade pourpre #1) • Keliane Ravencroft.



Les Chroniques de Sorohar : Le cycle de la triade pourpre, tome 1 : Tempus Fugit
de Keliane Ravencroft.
Genre : Fantasy, romance.
Mon édition : MxM Bookmark.
544 pages (lu en ebook).




Résumé : La vie n’a pas toujours souri à Sven, un jeune libraire sans histoire assoiffé d’aventures. Toutefois, alors qu’il pense quitter Tertrefer pour vivre une expérience trépidante, une série de malencontreux événements l’amène à se retrouver maudit par une congrégation de sorcières en colère et emprisonné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Celui du tyrannique souverain régnant sur la Vallée des Cendres depuis plus de vingt-cinq ans, Arjan, un démon de sang pur. Son temps désormais compté, c’est dans ce contexte qu’il rencontre Ashkiel, le prince aîné amené à succéder à son terrible père, et Raziel, son Bras Droit. Refusant de s’inscrire dans la même veine que son géniteur, l’Héritier a bien l’intention de retrouver la confiance d’un peuple durement éprouvé mais c’est sans compter sur la menace que laisse planer l’existence d’un étrange individu nommé le Vengeur Noir. En quête d’un moyen de sauver sa vie, Sven pourrait bien être la réponse aux nombreuses crises que la Couronne de sang impie devra traverser pour reprendre les rênes du royaume. Entre profit et sentiments, il se pourrait même que le tout-puissant seigneur et le roturier se découvrent un objectif commun : faire tomber la Sororité de la Lune.


14/20.

  • J'AI AIMÉ : Le personnage d'Ashkiel, la tendresse entre lui et Sven.
  • J'AI MOINS AIMÉ : La place (et descriptions) des femmes, le récit qui en dit trop.


La fantasy avec une romance M/M ou une romance F/F au cœur de l'histoire ? Ça me parle. Je pense que c'est même mon petit péché mignon car j'aime bien imaginer un univers sans heurts concernant l'orientation sexuelle, avec une liberté d'aimer, un univers où on peut réinventer les codes sociaux comme on le souhaite. Quand j'ai vu ce titre dans le catalogue de NetGalley, j'ai donc craqué et je remercie MxM Bookmark qui m'a permise de le lire en avant-première (sortie le 10 octobre) ! Toutefois, malgré son résumé super-alléchant, c'est vraiment un ressenti en demi-teinte qui s'impose... et je vais tâcher d'expliquer au mieux pourquoi il y a des choses qui l'ont fait, et d'autres moins, avec Tempus Fugit !

Sven, un jeune libraire, a la maladresse dans le sang. C'est ainsi, au cœur d'une aventure naissante, qu'il se retrouve sujet à des sorcières peu attentionnées et se retrouve à la suite emprisonné dans les geôles du nouveau souverain pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Mais le jeune couronné et ses hommes de main ne sont pas stupides. Ils se doutent bien que le garçon naïf, maladroit, et inoffensif, n'y est pour rien. Sven se retrouve donc lâché au sein du château le temps de trouver le véritable assassin, une bénédiction et une malédiction à la fois. Surtout quand le roi, Ahskiel, pourrait bien être la solution à tous ses récents malheurs...

« - Je n'ai guère de problème particulier, Majesté. Simplement, je repensais à tout ce que j'ai vécu dans votre demeure depuis mon arrivée et j'avoue ne pas comprendre comment j'ai pu me retrouver entraîné dans tous ces troubles. A cheval entre une affaire de meurtre et impliqué dans les perturbations de la succession alors même que je ne suis qu'un petit gars du peuple tout à fait normal voire insignifiant. Je vous concède que cela me perturbe.
Ashkiel écoute avec attention. Un tel trouble l'attendrit. Esquissant un sourire mêlé de tristesse, il ose prendre le registre malmené par Sven entre ses mains et aborder un sujet qu'il sait sensible chez certaines personnes.
- Crois-tu à ce que l'on nomme « destin » ?
Ce seul mot fait se redresser Sven. Il se fige avant de se mettre à rire.
- Le destin ? Je préfère ne pas penser qu'une telle chose existe sans quoi je me devrais d'admettre que le mien est assurément maudit. »

Ce roman possède un côté très addictif qui m'a tout de même permise d'enchaîner les plus de cinq cent pages sans m'ennuyer. Les événements s'enchaînent vite et bien. On a à cœur de savoir ce que va devenir Sven, maudit par les sorcières rencontrées, et savoir quelles seront ses décisions. On a tout aussi à coeur de connaître d'avantage les différents personnages et de suivre l'évolution de la relation entre Ashkiel et Sven. Je ne suis pas déçue de ce côté là et j'ai passé un bon moment de lecture à chacun de leur tête à tête. Il y a également un bon folklore qui accompagne les personnages : magie, sorcières, démons, et autres sont au rendez-vous !

Les personnages et la romance sont pour moi ce qui sauvent ce premier tome. J'ai pris plaisir à rencontrer les personnages marquant de ce roman : Sven, notre libraire aventurier, Ashkiel, le roi, Raziel, le bras droit de ce dernier, et Luka, le petit frère d'Ashkiel. Ma préférence va clairement à Ashkel et Luka. Ashkiel s'inscrit dans un règne juste et bon au total opposé de son tyran de père. Il est tendre, taquin, et mince alors je ne résiste absolument pas à ses cheveux rouges ! (ma faiblesse) Quant à son petite frère, il a plus d'un tour dans son sac. Il est plus mouvementé, plus spontané, et est une épaule sur lequel peut se reposer Sven. J'ai eu un peu plus de mal avec Sven le héros, car les personnages naïfs et innocents ne me correspondent pas beaucoup mais à la longue, il est attachant.

« - Désormais, je te conseille de faire attention à toi. Maintenant que tu prends du galon, certains considéreront potentiellement ton existence comme leur faisant de l'ombre. Il serait regrettable qu'il t'arrive malheur simplement parce que tu as les faveurs du roi.
Interpellé, Sven tente de le corriger.
- Je n'irais pas dire que j'ai obtenu ses faveurs...
Cependant, Luka n'en démord pas et lui indique de surcroît : 
- Méfie-toi de Raziel. Il n'aime pas qu'on touche à sa propriété.
- Sa propriété ?
- Mon frère, conclut le dernier fils en lui offrant un clin d’œil malicieux. Tu l'ignorais ? Tous deux sont amants. Askiel aime les hommes. Je serais à ta place, je me méfierais de grâces trop facilement obtenues si tu n'es pas dans cette configuration-là.
ans plus attendre, le jeune seigneur se retire, plutôt fier d'avoir semé un trouble insondable dans l'esprit du domestique promu conseiller. En effet, alors qu'il disparaît dans les couloirs, l'autre demeure interdit suite à ce qu'il vient d'apprendre. »

Je regrette cependant la place des femmes dans ce roman. Qu'elles ne soient pas ou peu présentes : soit (même s'il y a quand même la générale du roi et les sorcières). Mais qu'elles soient toutes décrites de la même manière : mince, féminine, belle à la perfection avec une peau blanche (pourquoi toutes les femmes y sont blanches ?), avec des corps qui appellent à la séduction et au désir, ça ne passe pas. Il n y pas d'exception : toutes les femmes rencontrées se rangent dans cette catégorie. Il n'y a pas de place pour des femmes belles mais ni mince, ni blanche, ou des femmes moches, ou des femmes lambdas, dans la moyenne, ou même des femmes que l'on décrit autrement que par leur physique (descriptions longues qui vont jusqu'à la taille de la poitrine par moment). Du coup, chaque personnage féminin a été une crainte immense et tous ces personnages là m'ont fait grimacer.

Malheureusement, l'autre point qui m'a chagriné, c'est la tendance au récit de trop en dire et le manque de surprise qui en découle. Je ne peux que avouer le parfum de tendresse et de douceur qui se dégage de l'histoire malgré les épopées et les situations dangereuses pour les héros, mais trop en savoir sur tout le monde, trop de point de vue pour tout expliquer, c'est rarement ma tasse de thé. Comme dit dans ma chronique précédente : j'aime qu'un certain mystère plane et que beaucoup de choses nous échappent encore.

  • EN CONCLUSION : Mi-figue, mi-raisin. Ma lecture n'était pas mauvaise. J'ai vraiment grimacé à propos de la vision des femmes, mais par ailleurs il y a de bonnes choses à lire, découvrir, et continuer de suivre tout de même. Je laisse une petite chance.

Prochaine lecture : Baby random, tome 1 de Gaïa Alexia.

tâches d'encre

  1. Je n'ai jamais lu de livre de fantasy avec une romance M/M et je crois même n'en avoir presque jamais vu.

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    1. Il y en a pourtant ! Mais c'est rare, et c'est dommage.
      Il y en a surtout plus en anglais, je suis beaucoup la maison d'édition NineStar Press qui édite de tous les genres avec des romances M/M et F/F !

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  2. Coucou :)

    Je suis ton blog depuis plus d'un an maintenant et je suis généralement de ton avis. J'ai acheté la version papier à la Japan Expo et ça a été ma lecture de l'été mais j'avoue que je n'ai pas du tout la même vision que toi sur les femmes dans le livre.

    Je suis globalement d'accord avec toi pour dire que oui, toutes les femmes sont décrites en étant belles voire parfaites mais, je peux comprendre les choix de l'auteur les concernant.

    Déjà pour commencer, non, elles ne sont pas toutes blanches. Il me semble que la démone est décrite comme ayant la peau sombre dans sa "vraie forme" au début de l'histoire. Elle n'a la peau blanche que dans sa forme de jour pour passer incognito. Pour ce qui est de son aspect physique, je n'aurais personnellement pas imaginé une démone-araignée au physique banal. J'avoue que l'idée de la veuve noire me fait un peu imaginer un perso humain en mode femme fatale, ce qu'on a dans ce cas présent.

    Pour les autres sorcières, *attention spoiler xD*, ce n'est aussi qu'une illusion. A la fin, elles retrouvent un aspect hideux qui, apparemment, a toujours été le leur. Du coup, si elles ont les pouvoirs de changer d'apparence, pourquoi se priver ? xD On retombe juste dans les codes des sorcières séductrices et manipulatrices qui charment les hommes qui se méfient le moins alors qu'elles sont moches et le nez crochu. Du coup, rien d'anormal jusque-là.

    Pour ce qui est de la générale, on nous épargne le cliché de "femme soldat = brute épaisse qui prend pas soin d'elle". Personnellement, j'ai apprécié ne pas me retrouver avec un sosie de Brienne de Torth de Game of Thrones. A voir comment ça va se développer par la suite mais ça peut donner un truc intéressant. Reste à voir ce que l'auteur va faire d'elle ? Ça peut aussi être intéressant de voir comment une femme peut se faire respecter par des hommes en gardant des atouts féminins dans un domaine qui reste vachement machiste même aujourd'hui.

    Il y a aussi les deux reines mais je justifierais ça par l'entretien de l'image et la possibilité de le faire, pour commencer.

    Il ne reste que l'oracle qui aurait pu, à la rigueur, être banalisée.

    Du coup, j'ai plutôt vu un parallèle entre beauté naturelle = bonté et beauté artificielle = manipulation.

    Pour ce qui est de la minceur, il ne faut pas oublier que le pays a connu 25 ou 30 ans (je sais plus) de famine. Au début de l'histoire, les gens meurent de faim dans la rue et s'entretuent dans des arènes pour un peu de nourriture. Difficile d'imaginer autre chose qu'un peuple limite anorexique selon moi.

    Pour finir, on est dans un contexte médiéval très basique qui s'éloigne peu de ce qu'on connaît. J'extrapole peut-être mais la blancheur de peau était un critère de beauté à l'époque, d'où l'insistance possible.

    Reste plus qu'à voir si on reste sur cette base toute la série ou si ces éventuelles justifications se tiennent. Pour avoir fait un tour sur son site, j'ai cru voir que des personnages plus "colorés" nous attendait ;)

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    1. Ton explication peut se tenir concernant la famine, c'est vrai. En revanche, je ne vois rien d'anodin à ce que tous les personnages sauf une démone ait la peau blanche. Même avec un contexte médiéval, si on peut intégrer des démons, des dragons, de la magie, un folklore, pas d'homophobie, je pense qu'on peut intégrer une mixité sans peine.

      Pour moi, sinon, toutes ces descriptions interminables sur les physiques des femmes sont vraiment tout au mieux maladroit, tout au pire vraiment gênant. Je n'ai trouvé aucune utilité à ces descriptions pour l'histoire et elles m'ont vraiment mise très mal à l'aise. Elles sont vraiment nombreuses : à chaque personnage féminin qui apparaît, même pour une simple apparition (la reine de l'autre pays, par exemple). Je pense sincèrement que l'histoire n'aurait pas souffert de descriptions bien mieux dosées et de quelques lignes en moins. J'ai pris des standards de beauté et des clichés dans la tête toutes les cinquante pages environ, et si c'était sûrement très inconscient je le pense, ça mérite d'être questionné.

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  3. C'est vrai que je ne lis pas suffisamment de romance M/M ou F/F, faudrait que je prenne le temps d'en découvrir plus !
    Par contre, dommage pour le traitement des femmes dans ce livre, je comprends que ça t'ai fait grincer des dents :/

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    1. Ce sont mes préférées de mon côté, même elles ne sont pas tous bien menées ^^

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  4. J'avais vu tes commentaires sur Twitter à propos de ce livre et j'ai commencé ta chronique en pensant que je ne le lirai probablement jamais... Je n'ai pas changé d'avis. ^^

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    1. Le sexisme présent et qui aurait franchement pu être évité (ou critiqué à travers le livre), c'est vraiment le truc noir... c'est dommage !

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