Genre: Thriller.

Enfants de la paranoïa, tome 1, Trevor Shane.

Résumé:

Règle #1: On ne tue pas les innocents. Règle #2: On ne tue pas les ennemis de moins de 18 ans.

Depuis des siècles, une guerre souterraine, ignorée du commun des mortels, oppose deux clans qui se déchirent au nom du Bien et du Mal. Des deux côtés, des assassins endoctrinés et entraînés dès leur enfance à haïr et à détruire le camp adverse.

Joseph, vingt-trois ans, est l'un de ces tueurs d'élite. Il ne connaît qu'une réalité: tuer ou être tué. Mais alors qu'il retrouve ses deux plus proches amis pour quelques jours de vacances dans le New Jersey, il tombe sur une embuscade. Échappant de peu à ce piège mortel, il est envoyé en mission à Montréal où il rencontre Maria, une jeune innocente de dix-sept ans. Pour la première fois, Joseph découvre l'amour... et le doute. S'il veut protéger la femme qu'il aime, il doit abandonner la vie qu'il a toujours connue et trahir ses frères d'armes. Osera-t-il transgresser les règles ?

Mon avis, 18/20.

C'est un roman dont j'ai beaucoup retardé la lecture, en grande partie par appréhension. J'en attendais trop, puis je craignais qu'il soit un peu mou, puis je l'ai même oublié dans ma PAL à un moment donné... Bref, Enfants de la paranoïa me donnait envie mais me bloquait.

En me lançant, j'ai découvert un roman au dessus de ce que je pensais et ce que j'en attendais. Et ce, avec un univers sans pitié et des personnages torturés. 

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En bref:

Les -: Lent parfois.

Les +: Univers sombre, un auteur qui va au bout de ses idées.

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« Ses yeux étaient ouverts, mais sans vie. Je n'éprouvais quasiment rien. J'étais anesthésié. Je ne prenais aucun plaisir à faire cela. Avec le temps, j'avais franchi certaines étapes. Nous passons tous par des étapes, des sentiments différents. Toute-puissance. Fierté. Culpabilité. Mais je ne ressentais rien de tout cela. Je n'éprouvais que la satisfaction d'un travail bien fait. Celui-ci était censé être facile. Je crois qu'il l'avait été. »

₪ Ce qui m'a séduite, ce fut le résumé (non parce que la couverture, tout ce sobre et ce jaune, m'ouais...). Une guerre féroce mais invisible ? Un amour piégé entre les deux ? Un héro aux mains tachées de sang qui doute ? C'est tout à fait le genre d'idées, qui ensemble, me plaisent parfaitement. Malheureusement, le roman est resté presque deux ans, voire peut-être plus, dans ma PAL. Avoir trop d'attentes peut littéralement tuer ta PAL. Au final, ce fut vraiment une très bonne surprise ! Ce fut étonnant de noirceur.

₪ Joseph, dit Joe, a toujours connu la mort. Celle-ci lui a enlevé des êtres chers depuis toujours. Mais ce n'est qu'à 16 ans qu'on lui a dit pourquoi, et ce n'est qu'à 18 ans qu'il a pu être enrôlé dans cette Guerre infernale qui ravage les siens. Ils sont le Bien, les autres sont le Mal, et ils peuvent chacun être tué à n'importe quel moment. Rongé par la haine et la rancœur, il devient un assassin très doué. Jusqu'au jour où la haine laisse place à la lassitude, et que plus en paix avec lui-même, le jeune homme se met à douter et chercher des réponses à tout ça... Sa rencontre avec Maria, une jeune femme aussi futée que forte, va être un déclic.

₪ L'univers de Enfants de la paranoïa est vraiment un univers sombre, noir, très dur. Dès les premières pages, quand nous plongeons auprès de Joe, nous prenons conscience de l'ampleur de la manipulation qui plane sur lui, nous prenons conscience que beaucoup d'éléments manquent et par là, il manque surtout pourquoi; Pourquoi cette guerre ? Comment a-t-elle démarré ? Quand cessera-t-elle ? Ce côté endoctrinement est parfaitement clair pour nous, lecteurs, et la complexité est qu'on réalise tout aussi parfaitement que pour les personnages, il y a beaucoup trop d'enjeux en cours pour se l'avouer.

₪ Cet univers est impitoyable. Et c'est ce qui m'a plu: que l'auteur ne ménage pas ses lecteurs, et sachent aller au bout de ses idées. Le stress et la paranoïa est présent du début jusqu'à la fin, autant chez les personnages que chez nous. C'est une guerre digne de la mafia qu'il y a là, elle divise deux camps distincts, et le reste du monde n'en a absolument aucune idée. La Guerre possède des règles, mais ces dernières ne la rendent pas moins cruelle et moins inhumaine. D'ailleurs, c'est à cause de l'une d'entre elles que Joe et Maria se retrouvent contraints de faire des choix difficiles.

₪ Après, je ne me suis pas forcément énormément attachée a à Joe et Maria. En revanche, j'ai vécu leurs tourments comme si c'était les miens. Les doutes de Joe, ses talents d'assassin, sa paranoïa, et le mental d'acier de Maria, sa force, son côté raisonnable. Il y a là deux personnages forts, torturés, qui se marient à la perfection avec le décor. J'ai personnellement vécu leurs péripéties comme si je faisais partie de leur périple - en partie peut-être car le roman est écrit comme une confession, de Joe à Maria, et que celle-ci nous inclue complètement parmi eux.

₪ En conclusion: un très bon thriller, qui sort des sentiers battus. C'est beaucoup plus sombre et impitoyable que ce à quoi je m'attendais. C'est un premier tome excellent et prometteur pour la trilogie. Malheureusement, les deux tomes suivants ne sont parus qu'en anglais... Mais heureusement, si vous voulez en restez à ce tome là, c'est possible: la fin peut se suffire en elle-même et se considérer comme une fin ouverte.

« Je ne savais pas trop à quoi m'en tenir sur ce qui était arrivé. Tu as ouvert les yeux et surpris mon regard. Tu as souri. J'ai senti ma vie changer. L'espace d'un moment, j'ai été déchiré. J'avais conscience de ne pas être celui qu'il te fallait. J'aurais dû te chasser de ma vie à l'instant même. C'est ce qu'il aurait fallu faire. J'aurais dû te protéger de moi. Mais au lieu de cela, alors que je te regardais dans le soleil matinal, j'ai commencé à penser que c'était peut-être toi qui pouvais me sauver. »

Je le conseille à: Toute personne attirée par ce roman, la couverture, ou le résumé. Si vous aimez les histoires sombres et dures, où les personnages risquent leurs peaux, Enfants de la paranoïa peut vous plaire !

Prochaine lecture: Bird Box de Josh Malerman.