Genre: Drame, YA.

Pardonne moi, Leonard Peacock, Matthew Quick.

Résumé:

« En plus du P-38, le flingue de mon grand-père, il y a quatre paquets, un pour chacun de mes amis. Je veux leur dire au revoir correctement. Je veux qu'ils gardent un souvenir de moi. Qu'ils sachent que je suis désolé d'avoir dû leur fausser compagnie. Qu'ils ne sont pas responsables de ce qui va se passer... »

Aujourd'hui, Leonard Peacock a dix-huit ans. C'est le jour qu'il a choisi pour tuer son ancien meilleur ami. Ensuite, il se suicidera.  

Plus tard, peut-être, il se dire que c'est OK, voire important, d'être différent. Mais pas aujourd'hui.

Mon avis, 18/20.

Voila un roman qui m'intriguait beaucoup, notamment par son résumé qui annonce sans pincette: un drame. C'est exactement le genre de quatrième de couverture qui m'interpelle. Je m'attendais à quelque chose de fort, et je ne suis pas déçue.

Je me suis très vite retrouvée plongée au cœur de ce roman où tout s'enchaîne très vite. Tout en tension, et en douleur, l'auteur nous offre une histoire qui ne laisse certainement pas indifférent.

---

En bref:

Les -: La fin trop abrupte. 

Les +: La tension, le personnage atypique.

---

« Je veux qu'ils gardent un souvenir de moi. Qu'ils sachent que je tiens à eux et que je suis désolé de ne pas avoir pu être davantage. Désolé d'avoir dû leur fausser compagnie. Qu'ils sachent qu'ils ne sont pas responsables de ce qui va se passer aujourd'hui.

Je ne veux pas qu'ils soient traumatisés par ce que je m'apprête à faire ni qu'ils soient déprimés après. »

₪ Je suis déjà tombée sur ce livre en VO, je l'ai plusieurs fois aperçu en librairie et sur les blogs, toujours encensé dans les avis, je me suis finalement lancée qu'à sa publication en français. Pardonne-moi, Leonard Peacock est le genre de livre qui dès le départ nous entraîne dans une sphère un peu spéciale. Les premiers mots sont déjà annonciateurs d'une tension où vous savez, d'avance, que vous n'en ressortirai pas aussi indemne. J'ai frôlé le coup de cœur. Ce n'est pas arrivé pour cause de petits détails, mais ce fut une excellente lecture.

₪ Leonard a dix-huit ans aujourd'hui, et personne ne s'en souvient. Leonard n'est pas surpris, ceux qui le savent se comptent sur les doigts d'une main... Et ça l'arrange car comme ça, il passera inaperçu pour ce qu'il a à faire. Car pour son anniversaire, Leonard est déterminé à tuer Asher, son meilleur ami d'enfance, pour ce que ce dernier lui a fait. Et il est décidé à se suicider ensuite. Ce jour là, Leonard ressasse, est déconnecté, dans sa bulle.

₪ Leonard est vraiment un personnage atypique. Matthew Quick arrive à nous faire ressentir de l'empathie pour un personnage décidé à commettre le pire et qui nous emporte avec lui. C'est un adolescent qui vacille, désespéré, solitaire. Ses amis, à qui il souhaite remettre des cadeaux avant son départ, ne sont que des personnes qu'il estime. Leonard est seul, très seul, et nourrit une douleur que personne ne voit ou n'ose voir. Son personnage est difficile, bizarre, différent. Et dans sa souffrance, il nous touche.

₪ C'est un roman dur. Le résumé nous l'annonce, mais les pages le confirment. Il y a des passages qui serrent le cœur, qui pousse le lecture aux larmes. Toutefois, ça reste subtil. Subtil dans ce sujet sombre et qui fait débat: les tueurs adolescents, le suicide, le désespoir. L'auteur travaille son histoire afin de nous permettre de comprendre Leonard, ses pensées, et ses actes. Il nous pousse à réfléchir, nous questionner, remettre en cause l'indifférence des autres et la place de la bienveillance, l'impact de l'entourage, les regards, les attitudes, les mots.

₪ L'insensibilité et l'hostilité à laquelle Leonard fait face dans sa vie quotidienne n'est pas un ressenti unique, et c'est ce qui fait la connexion avec ce personnage atypique. Être confronté aux autres, cacher le fait d'être différent, de souffrir, la peur de l'avenir, se plonger dans la solitude, c'est commun à beaucoup de gens, notamment lors de l'adolescence (cette période ingrate). Il suffit d'un rien ou d'un truc en plus, d'une expérience plus compliquée, et il est aisé de basculer. Beaucoup plus aisé que ce qu'on voudrait bien croire en réalité. L'auteur nous le fait bien savoir.

₪ Ce qui est frappant, ce qui est dur, c'est ce fait là, justement. Se retrouver à comprendre quelqu'un qui a des idées aussi morbides, de compatir pour lui, de réaliser qu'il n'est pas aussi désespéré qu'il ne le pense, qu'il suffit d'un mot, d'une aide, pourvu que quelqu'un lui tende une main... Leonard, si sombre, si perdu, méprisable parfois, renferme quelque chose qu'il est possible de sauver.

₪ En conclusion: Un roman court, sur la durée d'un jour, et qui renferme pourtant beaucoup. Matthew Quick installe une tension presque insupportable, et une réflexion. Un coup de cœur de frôlé, car la fin m'a peut-être paru trop abrupte, mais indéniablement une excellente lecture, qui chamboule et marque.

« Quand la sonnerie retentit, je reste assis.

Herr Silverman reste près de la porte et salue les élèves un par un. 

Je vois bien que chacun est important pour lui -même le plus débile de tous.

Ce mec est un saint ou un truc du genre.

La plupart des élèves se barrent à toute allure sans même lui accorder un regard, même si Herr Silverman essaie de dire au revoir à chacun individuellement.

Ça fait toute la différence, croyez-moi, même si les super connards de ma classe ne s'en rendent pas compte.

Certains jours, Herr Silverman est la seule personne à me regarder droit dans les yeux.

Le seul de toute la journée.

Ça a l'air tout simple, mais ce sont ces choses-là qui ont de l'importance. »

Je le conseille à: C'est simple, tout le monde.

Prochaine lecture: Rouge rubis, tome 2: Bleu saphir (en EN) de Kerstin Gier.