jeudi 29 mai 2014

Dystopie/Science-fiction.

Le prince d'été, Alaya Dawn Johnson.

Résumé:

Sur la côte de ce que l'on appelait jadis le Brésil, ce sont les femmes qui dirigent la légendaire ville-pyramide de Palmares Três. La Reine ne cède le pouvoir à un homme qu'une fois tous les cinq ans, à un Roi d'été dont l'histoire enfiévrera la cité l'espace d'une année.
Pour June Costa, la vie n'est qu'Art. Ses œuvres impressionnent ses professeurs autant que ses camarades. Elle rêve de remporter le prestigieux Trophée de la Reine. Un rêve qu'elle n'avait jamais remis en question... jusqu'à ce qu'elle rencontre Enki.
Fraîchement élu Roi d'été, Enki est le garçon dont tout le monde parle. Mais lorsque June le regarde, elle voit bien au-delà de ses fascinants yeux d'ambre et de sa samba ravageuse: elle reconnaît en lui un artiste total. Follement amoureuse, June décide alors de créer avec lui un chef-d’œuvre qui restera gravé à jamais dans les mémoires. Mais le temps leur est compté. Car, comme tous les Rois d'été qui l'ont précédé, Enki va devoir être sacrifié.

Mon avis, 15/20.

Le résumé du Prince d'été m'a tout de suite tapé dans l’œil. Il est loin d'être court, certes, mais il a de quoi attirer le regard avec des sujets tel que: l'Art, les sacrifices, l'après-Brésil. Ma curiosité l'a emporté le jour où je l'ai vu en libraire.
Je n'ai pas lu beaucoup d'avis sur ce roman de la Collection R, mais j'ai toujours entendu: « Ah Le Prince d'été, étrange lecture. On aime ou on déteste. ». Et c'est vrai. Ce fut une lecture sans pareil, dépaysante. Et pour ma part, j'ai bien aimé !

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En bref:
Les -: Trop de flou, intégration difficile dans l'univers.
Les +: L'originalité, l'atmosphère unique.
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« Je pense à Enki comme à un séisme qui nous laisse tout à reconstruire. Mais faut-il être bête pour tomber amoureuse d'un séisme ?
Je retourne à ma fenêtre et presse mon visage contre la vitre. La vision de la baie la nuit m'apaise toujours. Cela me rappelle que l'amour existe et que je ne le regretterai jamais. »

Le résumé nous promet une histoire unique, et j'ai bel et bien lu une histoire unique. Le mot qui correspond le mieux, c'est sûrement « étrange ». Je ne sais d'ailleurs pas tellement dans quel genre situer cette lecture. Entre dystopie et science-fiction, je dirais, puisque nous sommes dans une autre époque, un futur après guerres et catastrophes naturelles. Le côté dystopique n'est peut-être pas ce qui est le plus flagrant, et pourtant la Reine et ses consorts ne nous offrent pas un cadre très chaleureux, entre règles et surveillance. Le côté science-fiction m'est rappelé par les nombreuses avancées, surtout niveau technologiques entre les robots, la sécurité de la ville, les modifications corporelles, l'âge moyen des citoyens, etc. Enfin quoi qu'il en soit, Le prince d'été est une lecture qui dépayse et nous emmène très loin de notre quotidien.
Nous sommes au printemps, et June et Gil, son meilleur ami, n'ont d'yeux que pour l'un des finalistes en tête de devenir Roi d'été: Enki. Il est beau, il danse bien, il a un charme ensorcelant. Le peuple l'acclame, et June en est réellement folle. Sans surprise, adulé comme un Dieu, Enki est celui qui enfiévra la population de Palmares Três pour un an, et cela commence dès sa première fête, où June et Gil sont invités. Si June s'en retrouve déçue puisque Enki lui préfère Gil, elle ne battra pas en retraite pour autant. Elle ne cessera d'attirer son attention avec son art, afin de révéler l'artiste qui se cache en leur nouveau Roi d'été et de s'en faire un allié artistique. 
Dans cette lecture, j'ai surtout été déçue que par un aspect... mais un aspect décidément de taille selon moi: l'auteure nous glisse dans l'histoire, le quotidien de June, les coutumes de Palmares Três, sans aucun indice, sans nous intégrer, sans rien. J'ai été perdue, et pendant de longues pages. Il n'est pas facile d'essayer de se repérer dans un après-Brésil imaginaire et je regrette le manque d'explications subtiles qui puissent nous permettre de comprendre les différentes appellations ou termes, ainsi que les technologies qui grouillent dans les rues, sans oublier les coutumes... J'ai donc du trouver un sens toute seule, jusqu'à ce que les premières explications arrivent ci et là. Et encore, tout n'est pas expliqué. Tout bête, mais je ne sais toujours pas ce que signifie un « orixa » ou quelque chose comme ça... En quelques mots: ça m'a vraiment handicapé.
Le deuxième point qui m'a un peu gêné, c'est le polyamour. Le fait de partager le corps et le cœur de quelqu'un à plusieurs, sans complexes, notamment dans le cercle: Enki - June - Gil. Je ne me suis donc pas attachée ou identifiée à Enki, June, et Gil, puisque ces trois là se comportent et pensent comme jamais je ne me comporterai et penserai au niveau relationnel, que ce soit amical ou amoureux, et d'une manière que je n'arrive pas à comprendre. Et comme leur relation est vraiment un point phare de l'histoire, c'est un peu difficile de l'éviter. Cependant, j'ai su les apprécier tout de même. Enki a ce côté imprévisible, sauvage, sensuel, qui magnétise. June est rebelle, forte, et têtue. Et Gil est sensible, doux, et discret. Et dans leur globalité, ils restent tout de même touchants.
Ce qui a le plus attiré mon attention dans ce roman, c'est l'atmosphère. L'écriture de l'auteure et toutes ces influences culturelles que l'on ressent, sont intenses. Je vais le répéter pour la je-ne-sais-combien-de-fois mais: c'est dépaysant. On se croirait dur comme fer à Palmares Três, en Amérique du Sud. La dimension de l'art et des coutumes est omniprésente. Le prince d'été est un livre fort étrange, mais beau. On ne sait plus où donner de la tête, mais l'originalité est là, la beauté aussi, l'intensité également. Et même si ça reste un livre sur lequel je n'ai pas eu de coup de cœur, je pense qu'il reste bon de le découvrir, car il n'a pas semblable.

« J'imagine que d'autres Rois d'été ont dû regretter leur décision, mais pas Enki.
Gil nie cette vérité en secouant furieusement la tête.
- Est-ce que tu as envie qu'il meure, June ? Est-ce que tu crois que c'est une bonne chose de tuer le meilleur d'entre nous à la fin de l'hiver ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais ne trouve pas les mots. Est-ce que je crois que c'est une bonne chose ? Je sais que Gil le pensait au printemps, quand il nous tardait tant d'élire notre nouveau Roi d'été. Il a visiblement changé d'avis. Mais le rituel du Roi d'été est aussi essentiel à l'identité de Palmares Três que la pyramide elle-même. Pourtant, quand je me pose la question, il n'y a qu'une vérité.
Je ne veux pas qu'Enki meure. »

Je le conseille à: J'avoue que je ne saurais pas à qui le conseiller en particulier, mais je pense qu'il faut un minimum avoir l'âme à la fois rêveuse et rebelle.

Prochaine lecture: L'ange de minuit, Lisa Kleypas.

tâches d'encre

  1. J'avoue qu'il me tente pas même si ta chronique le rend très intéressant ^^ Je ne suis pas super fan de l'art et du "polyamour" comme tu dis, alors je ne sais pas si ça peut me toucher... En tout cas merci pour ta chronique =)

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    1. De rien :) C'est vrai que le polyamour prend une grande place et je ne suis pas fan non plus... Mais le décor est impressionnant, je trouve.

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  2. Il me tente depuis super longtemps :D Je suis contente qu'il t'ai plu !

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  3. Tu m'as convaincu, je veux le lire *-* Le résumé me tente énormément !

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    1. Oups :p Dans tous les cas, j'espère que tu sauras l'apprécier aussi !

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  4. C'est une très belle chronique que tu nous as écrite là ! Malgré les points "négatifs" que tu soulèves, on sent l'attrait qu'a exercé ce roman sur toi. Cela fait... Pfiou, un bon moment que je l'ai lu, mais je m'en souviens encore très bien : quelle atmosphère étrange, c'est vrai ! Vrai aussi que l'auteure ne nous intègre pas : c'est d'ailleurs peut-être pour cela que bon nombre de lecteurs passent à côté... En tout cas, je suis bien contente qu'il t'ait plu :D

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    1. Et je comprends pourquoi ils passent à côté parce que c'est vraiment dur d'entrer dans l'histoire et comprendre, quand même. Mais ça reste un beau livre :)

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