Vous parler de ça • Laurie Halse Anderson.

✽

Vous parler de ça

de Laurie Halse Anderson.

Genre: Drame.

Mon édition: La belle Colère.

299 pages.

✽

Résumé: Melinda Sordino ne trouve plus les mots. ou plus exactement, ils s'étranglent avant d'atteindre ses lèvres. Sa gorge se visse dans l'étau d'un secret et il ne lui reste que ces pages pour vous parler de ça.

Se coupant du monde, elle se voit repoussée progressivement par les élèves, les professeurs, ses amis, et même ses parents. Elle fait l'expérience intime de la plus grande des injustices: devenir un paria parce que ceux dont elle aurait tant besoin pensent que le mal-être, c'est trop compliqué, contagieux, pas fun.

Melinda va livrer une longue et courageuse bataille, contre la peur, le rejet, contre elle-même et le monstre qui rôde dans les couloirs du lycée.

14/20.

• J'AI AIMÉ: Les thèmes évoqués.
• J'AI MOINS AIMÉ: Le personnage de Melinda.

Je me suis très vite intéressée à ce roman, notamment car j'ai vu dans plusieurs avis que c'était une lecture forte, toute en émotions. Et de temps en temps, j'aime bien les lectures poignantes et qui remuent les tripes. En général, elles évoquent quelque chose en moi. Vous parlez de ça a en tout cas évoqué des émotions, cependant, ce n'est pas la lecture du siècle. J'ai beaucoup aimé le côté réaliste de Melinda, de la dépression, de l'isolement, mais j'ai beaucoup moins aimé Melinda en elle-même.

Durant l'été, un incident s'est produit et depuis, Melinda n'est plus la même et les adolescents de son âge lui sont plus ou moins hostiles. C'est en ayant perdu ses amis, seule, que la jeune fille débute sa première année de lycée. Une année de tous les efforts, d'un combat permanent contre elle-même, ses pensées et ce qui la ronge. Plus les jours passent, plus Melinda voit sa gorge se serrer et ses mots se perdre. Et personne, absolument personne ne semble vouloir lui tendre une main et remarquer quoi que ce soit.

« C'est tellement plus facile de ne rien dire. Ferme ton clapet, motus et bouche cousue, boucle-la. Toutes les conneries qu'on entend à la télé sur l'importance de communiquer, d'exprimer ses sentiments, tout ça, c'est que du vent. Dans la vraie vie, tout le monde se fout de ce que vous avez à dire. »

Vous parler de ça m'a touchée dans le traitement du mal-être et de la solitude. Petit à petit se creuse un vide en Melinda. Repoussée par ses camarades qui la dévisagent et la snobent, par ses professeurs qui se méprennent sur son cas, par ses parents qui l'ignorent, Melinda se voit sombrer. L'incompréhension générale de l'entourage est merveilleusement traitée. Chacun interprète le comportement de l'adolescente, sans jamais pour autant se demander et surtout lui demander s'il y a quelque chose qui ne va pas.

« Mais chaque fois que j'essaie de parler à mes parents ou à un prof, je bafouille ou me bloque. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? J'ai l'impression d'être atteinte d'une espèce de laryngite chronique.

Je sais que j'ai l'esprit en vrac. Je veux partir, déménager, me téléporter dans une autre galaxie. Je veux tout raconter rejeter la culpabilité, la faute et la colère sur quelqu'un d'autre. Il y a une bête dans mon ventre, je l'entends gratter sous mes côtes. »

On retrouve ici très bien la dépression à l'adolescence et la souffrance. Et puis, il y a ça, aussi, ce que Melinda enterre au fond d'elle et qui forge son caractère, caractère que les autres interprètent à leur sauce. Ça, qui est autant une personne qu'un événement. Les sujets sont délicats, mais bien utilisés dans l'ensemble. En tout cas, je ne sais pas comment je me suis mise en tête que ce livre parlait du harcèlement, mais ce n'est pas le cas... Par contre, je trouve tout de même que l'évolution, et surtout la fin, est trop rapide, presque bâclée. Le cheminement est très conventionnel, on finit sur une touche d'espoir qui fait plaisir... Mais peut-être que cette touche d'espoir arrive un peu trop « soudainement », comme un cheveu sur la soupe.

Melinda est un personnage que j'ai compris, mais que je n'ai pas aimé. Ce qu'elle a vécu est dur et grave, son mal-être est authentique, touche, et est très réaliste. Pour autant, elle a un côté très antipathique. Quelque part, ça colle avec la dépression, et je me suis un peu retrouvée dans le rôle des personnes extérieures qui ne savent plus comment faire ou comment gérer. Mais, le fossé qu'il y a eu entre elle, héroïne, et moi, lectrice, m'a gênée dans ma lecture. J'étais censée être proche d'elle, et je ne l'ai pas été.

• EN CONCLUSION: Un roman où il y a du très bon, et du moins bon. Les thèmes y sont crédibles et bien exploités, mais l'héroïne en elle-même a eu beaucoup de mal à me plaire. Malgré tout, Vous parler de ça reste une bonne lecture. Ce n'est pas une histoire qui restera inoubliable pour moi, mais elle mérite qu'on s'y attarde.

Prochaine lecture: Am Stram Gram de M.J. Arlidge.