Genre: Thriller, fantastique, jeunesse.

Hantée, tome 1: Les ombres de la ville, Maureen Johnson.

Résumé:

A Londres, un assassin hante les rues, réveillant la légende de Jack l’Éventreur. Malgré l'omniprésence des caméras, le tueur est indétectable sur les écrans.

Aurora, arrivée depuis peu sur son campus, se rend compte qu'elle est la seule capable d'apercevoir son ombre.

Accompagnée d'un mystérieux jeune homme, elle plonge au plus profond des brumes de la cité pour arrêter le meurtrier avant qu'il ne récidive...

Mon avis, 16/20.

Un premier tome que je souhaitais lire depuis une petite année déjà (et qui compte dans le challenge Wish-list 2013 !), et qui m'a, au final, assez plu. J'ai été attiré par la légende de l’Éventreur que l'auteure reprend, ce mythe qui intrigue et terrifie.

Il y a quelques points qui m'ont chagriné... Mais en soi, c'est une très bonne histoire. Et Maureen Johnson maîtrise indubitablement son roman, sa trame, et Londres, au point où on s'y croirait.

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En bref:

Les -: Un début lent, les quelques longueurs, l'héroïne plus que banale.

Les +: L'atmosphère et l'ambiance très british, la légende de l’Éventreur.

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« Subitement, Jazza a regardé autour d'elle d'un air troublé.

- Je croyais qu'on allait au pub ?

- C'est le cas, a confirmé Jerome.

- Mais c'est par là ! a-t-elle insisté en pointant du doigt la direction opposée. A quel pub on va ?

- Flowers and Archers.

- Flowers and... Ah, non ! Pas question !

- Allez, Jazzy ! Il faut bien que ta coloc découvre la ville !

- Mais c'est le lieu d'un crime ! On n'a pas le droit d'y aller !

C'est au moment précis où elle a dit ça que pour la première fois nous avons pris la mesure de toute cette affaire. Les camions de télévision étaient déjà sur place, tous satellites dehors; on en comptait peut-être deux douzaines. Toutes une portion du trottoir était monopolisée par des reporters en train de s'adresser à des caméras. Des voitures, des fourgons, et des unités mobiles de police étaient là. Et des gens aussi, une foule de gens. »

₪ J'ai eu un peu de mal à décoller avec ce roman. Le format poche nous envoie l'écriture en minuscule, et comme l'auteure prend son temps pour mettre en place son histoire, j'ai vraiment ressenti les longueurs. Le début est lent, très lent. On fait connaissance avec Aurora, alias Rory pour tout le monde, et le campus Wexford qu'elle vient de rejoindre. Londres est sa nouvelle maison et nous la découvrons avec elle. Un début qui s'éternise vraiment. Après pour être sincère, je me suis rapidement prise au jeu, on se laisse facilement porter par la plume, mais j'ai quand même senti passer les deux cent premières pages soit la moitié du livre.

₪ Rory est une adolescente comme les autres, elle n'a rien d'anormal ni d'excentrique. Elle débarque des États-Unis, de sa petite ville de Louisianne. Prise d'une impulsion, elle s'est inscrite dans un lycée privé à Londres. C'est la jeune fille lambda qui met un pied dans un nouveau pays, dans un nouvel établissement, et qui s'adapte. L'internat, ses camarades, ses cours, les lieux, tout lui est inconnu. Même l'accent est difficile ! Rapidement, elle se fait une place, rencontre Jazza sa colocataire avec qui le courant passe instantanément, Jérôme un préfet, et Alistair un élève taciturne qui campe à la bibliothèque. Mais voila, tout aussi vite, elle et son lycée se retrouve happés par l'effervescence et la terreur qui frappent Londres. Un tueur en série court les rues, un imitateur. Plus précisément: un imitateur de Jack l'Eventreur. Et cet imitateur, comme l'original, est indétectable. Prise dans le mouvement de la curiosité malsaine, Rory va se retrouver malgré elle confrontée à l'enquête et va se découvrir certaines aptitudes pour le moins... déconcertantes.

₪ Aurora n'est pas une héroïne avec qui le feeling a opéré. Elle n'est ni timide ni exubérante, ni introvertie ni extravertie, elle est d'une banalité affligeante. Je dois lui accorder d'être drôle quelques fois, mais c'est tout. Elle est transparente, je la trouve même totalement effacée. Elle n'a pas ce peps, ce dynamisme, ce côté amusant, que l'on retrouve chez certains personnages principaux, ni cette naïveté touchante ou cette réserve naturelle séduisante. Aurora est juste normale, trop normale. Moyenne. Moyennement sociable, moyennement rigolote, moyennement sérieuse, moyennement timide, moyennement courageuse. Elle ressemble à n'importe quelle adolescente dans la norme. Et c'est une petite déception car, certes, j'aime bien retrouver « Mademoiselle-tout-le-monde » dans un personnage, mais j'adore par dessus tout que le personnage en question se détache. En mal ou bien, tant qu'il y a une dynamique ! Un trait de caractère, même petit, simple, qui fait que le personnage, c'est CE personnage, et non n'importe qui. Cet aspect qui rend le héro, ici: l'héroïne, unique et vivant. Presque réel. Aurora m'a fait ni chaud ni froid, sa compagnie a été insipide.

₪ Heureusement, à côté de cette héroïne effacée, l'atmosphère Londonienne est quant à elle en un mot: transcendante. Je m'y suis totalement cru ! Les fameuses bâtisses en briques rouges, les monuments, le métro (le Tube). Et puis les écoles privés dont on en a une idée toute faite: un grand campus, les internats filles et garçons séparés, les préfets, la nourriture anglaise servie au réfectoire. Puis toutes ses échoppes de souvenirs, et ses bars, et ses rues. L'auteure s'est appliquée, elle a peaufiné son Londres avec réalisme, elle nous a implanté dans le décor tout comme son histoire et ses personnages. Un vrai plaisir. Un voyage sans bouger de ma Normandie ! Et évidemment un voyage rendu plus piquant avec la présence de l'imitateur de Jack l’Éventreur et du Londres fantôme. Les meurtres s'enchaînent, copiant à la lettre les originaux: lieux, dates, modes opératoires. Les médias s'acharnent, n'ont plus que cette affaire à la bouche, et nous propulsent dans cette peur qui tétanise la ville entière. Je me suis vue, là, au milieu de la foule, à regarder tous ces magasins à l'effigie de l'Eventreur et à craindre pour ma vie à chaque date fatidique.

₪ L'histoire reste prévisible. J'ai deviné le meurtrier dès qu'il s'est pointé (comme la plupart, non ?). J'ai malheureusement espéré faire fausse route, ou qu'à un moment donné un retournement de fou me tomberait dessus, mais non... Et ça: Mon dieu c'est dommage ! Parce que le reste: les connaissances de l'auteur, l'ambiance, Londres, les fantômes, c'était juste superbe. J'ai dégusté ce décor. Il manquait juste ce truc: les retournements, l'action, pour que ce soit plus qu'une bonne lecture. 

« Une fois de plus, l'heure était à l'attente. La ville tout entière attendait, silencieuse, comme si d'un commun accord la population avait décidé de retenir son souffle. Je manquais d'air dans cette voiture. Quelque chose m'oppressait. La peur, sans doute. »

Je le conseille à: A ceux qui aiment Londres, l'Angleterre, mais aussi la légende de l'Éventreur. C'est un roman qui reste ado, mais qui a beaucoup de charme. Entre fantômes, internat et tasses de thé, on peut y trouver sa place.

Prochaine lecture: La meute du Phénix, tome 1: Trey Coleman, Suzanne Wright.